Pour la troisième année consécutive, en ce début de mois d’août, notre famille a pris la route de la Normandie pour s’y installer une dizaine de jours et se mettre au service du festival carmélitain des jeunes. Nous quittons ainsi notre paroisse Sainte Thérèse à Metz pour nous rapprocher de Sainte Thérèse à Lisieux. Depuis le premier festival, il y a trois ans, les enfants ont grandi.

Le petit dernier qui n’avait que six mois lors du premier festival est maintenant un petit garçon bien décidé, notre aîné, lui a quitté les débuts de l’adolescence pour entrer dans la vie lycéenne. Entre les deux, les uns ont parcouru  l’école maternelle, les autres sont devenus louveteaux ou scouts, ont communié, fait leur profession de foi… Trois années de vie en croissance. A l’image de notre famille, le festival a, lui aussi, connu une certaine croissance. Non pas une croissance numéraire, car sa vocation reste d’accueillir une trentaine de jeunes, mais une croissance intérieure, à l’image de notre vie au Carmel. Cette réalité cachée est, par nature, difficile à décrire.

Je vais m’efforcer de présenter trois signes de cette maturation, pour partager avec chacun de vous la grâce qu’est ce festival pour notre ordre séculier et, je l’espère, susciter le désir de se mettre à son service.

Le but du Festival est de faire vivre à des jeunes une expérience carmélitaine avec des jeunes membres de chacune des trois branches de l’Ordre, en leur faisant découvrir ou approfondir les particularités du Carmel : l’oraison, la Liturgie des Heures, la vie fraternelle en petit nombre, le silence, la Lectio divina… le tout dans un carmel.

Les festivaliers ont vécu quatre jours avec une équipe réunie pour eux : trois frères carmes du couvent de Paris, trois jeunes sœurs carmélites sorties exceptionnellement de leurs monastères respectifs et six membres de l’OCDS : Thomas LEFLOT (de la communauté de Saint-Malo) pour la liturgie et moi-même (communauté de SaintQuentin-en-Yvelines) pour l’animation et, au travail en silence en cuisine : Sylvie MALETRAS (communauté du Havre), Sylvie GUILMENT (communauté de Mulhouse), Armelle PICHON
(communauté de Paris 9) et Peggy de LERAY (communauté Avon 1). En ajoutant les services de trois sœurs de Lisieux, cela fait quinze personnes mobilisées auxquelles on peut ajouter l’aide de quelques jeunes volontaires qui aura été bien précieuse, elle aussi.

Le nombre limité des participants a l’avantage de favoriser la cohésion du groupe, au sein duquel on ne se sent pas perdu.
Ainsi, une bonne ambiance s’est installée tout de suite. En se repérant rapidement, on apprend à s’accueillir, à se connaître et à trouver sa place, petit à petit, selon ce qui est donné.
Les quatre Frat’s, ou groupes de partage, constituées pour l’ensemble du Festival, ont permis d’approfondir les échanges et de tisser du lien. « Dans ce monastère […], toutes doivent être amies, toutes doivent s’aimer, toutes doivent se chérir, toutes doivent s’aider».

Après un temps d’accueil, le premier soir fut agrémenté de la visite commentée du Mémorial sainte Thérèse de Lisieux.

Puis chacun des trois jours suivants a présenté une branche de l’Ordre en particulier.
D’abord la branche masculine. Après un enseignement par Frère Jean-Baptiste GELEBART, ocd, sur la « Lectio divina », puis l’Eucharistie, les carmes de Lisieux ont invité les jeunes et les frères de Paris à déjeuner dans le jardin de leur couvent, sous le soleil comme chaque année.

Le deuxième jour, l’enseignement « nourrir sa prière avec la Parole de Dieu » fut assuré par les jeunes carmélites. De la même manière, l’Eucharistie fut suivie d’un repas avec ces dernières et une ou deux sœurs de la communauté de Lisieux. Puis, un moment presque traditionnel du Festival fut le dessert (une glace !) suivi du café, partagés dans le grand parloir avec toute la communauté de Lisieux, dans un esprit de récréation. Ce temps est l’occasion pour les jeunes de poser leurs questions aux sœurs, mais les sœurs elles aussi ne se gênent pas pour interroger les jeunes, ce qui donne lieu à des échanges simples, vrais, parfois drôles, souvent profonds.

Enfin, la veille du 15 août, jour de l’OCDS, j’ai donné un enseignement sur « l’enracinement au quotidien de la Parole ». Le repas qui suivit l’Eucharistie permit à nos membres qui servaient en cuisine de se joindre au groupe et de témoigner de leur vie de carmes séculiers avec les jeunes qui le souhaitaient.

Un certain nombre d’entre eux ne connaissaient pas l’OCDS. Ils ont posé beaucoup de questions à table, pendant des échanges en grand groupe, ou alors pendant des entretiens individuels prévus à cet effet. On rencontre toutes sortes de questions : combien êtes-vous en communauté ? Qu’est-ce que vous vivez ? À quoi vous engagez-vous concrètement ? Quel est l’âge de vos frères et sœurs de communauté ?
Comment faites-vous pour concilier votre engagement au Carmel et votre vie de famille ?
Ces échanges sont une richesse tant pour les festivaliers que pour nous.

Les interrogations au sujet de la vocation ne sont pas rares, et on constate que bien souvent les jeunes ne bénéficient pas d’un accompagnement spirituel. L’OCDS a désormais une commission « accompagnement spirituel », peut-être pourrat-elle répondre à cette attente dans la mesure de ses possibilités.

Les festivaliers ont participé avec entrain aux Offices liturgiques à l’oratoire des sœurs ou en commun à la chapelle du Carmel, et de la même manière au temps d’oraison du soir avec toute la communauté des sœurs et des frères de Lisieux. Ils sont toujours très heureux de pouvoir prier dans le chœur où la petite Thérèse fit oraison avant eux.

La méditation en Frat’s de textes carmélitains et le temps de désert, tous deux suivis de temps de partage, ont renforcé l’aspect carmélitain de l’ensemble. Les jeunes femmes ont même pu goûter à l’expérience simple du travail en silence dans le cloître ou le jardin du Carmel. Ainsi, la vocation et le charisme particulier du Carmel sont toujours à considérer avec une attention particulière lors de toutes les étapes, depuis la préparation jusqu’à la
réalisation du Festival. L’expérience vécue par les participants leur permettra ainsi de saisir au mieux l’Esprit du Carmel.

Même le spectacle musical de Prénom Marlène, joué pour la première fois en public et dans la chapelle du Carmel, était teinté d’une couleur carmélitaine. Ceci n’est pas étonnant, car Marlène GOULARD est membre de la communauté « Marie, Fleur et beauté du Carmel » (Paris 3). Ce fut un beau moment de détente pour tous, poétique, spirituel bien sûr, parfois drôle ou tragique, et un franc succès pour l’artiste !

Le lendemain soir, ceux qui s’étaient préparés ont pu recevoir le scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel et ainsi être accueillis dans la grande famille du Carmel au cours d’une veillée mariale bien priante. Encore un beau temps de prière et de communion entre les trois branches de l’Ordre, les festivaliers et les pèlerins de passage à Lisieux

Enfin, le jour de la fête de l’Assomption, nous avons pu laisser des intentions de prière à la communauté du Carmel de Lisieux à la fin de l’Office de Laudes et remercier chaleureusement nos sœurs pour leur accueil et leur prière. Vraiment, « nous avons reçu grâce après grâce ».

Alors, après quatre jours au Carmel, il était temps de retourner dans le monde et d’aller à la basilique Sainte Thérèse pour célébrer la grande messe de l’Assomption et participer à la procession mariale avec le peuple de Dieu réuni pour l’occasion.

Nous pouvons donc avant tout nous réjouir pour ces jeunes qui cherchent Dieu en vérité, pour la joie qu’ils ont à vivre cette quête, pour tout ce qu’ils nous apportent. Nous nous réjouissons parce que nous avons vécu un temps fort de communion avec l’Ordre du Carmel réuni sur place, et plus largement avec ses membres qui nous soutiennent par leur prière. Nous nous réjouissons tout simplement parce que nous étions réunis avec au milieu de nous Celui dont nous savons qu’il nous aime : Jésus-Christ. Cela suffit. Notre Mère sainte Thérèse nous le dit ellemême : « Dieu seul suffit ». Alors ensemble, prions
le Seigneur de faire pousser ses semences pour qu’elles donnent de beaux fruits, et demandons lui aussi d’envoyer des ouvriers à sa moisson.

David PUENTE,
Cté La Bonne Nouvelle,
Saint-Quentin-en-Yvelines