Pour la troisième année consécutive, en ce début de mois d’août, notre famille a pris la route de la Normandie pour s’y installer une dizaine de jours et se mettre au service du festival carmélitain des jeunes. Nous quittons ainsi notre paroisse Sainte Thérèse à Metz pour nous rapprocher de Sainte Thérèse à Lisieux. Depuis le premier festival, il y a trois ans, les enfants ont grandi. Le petit dernier qui n’avait que six mois lors du premier festival est maintenant un petit garçon bien décidé, notre aîné, lui a quitté les débuts de l’adolescence pour entrer dans la vie lycéenne. Entre les deux, les uns ont parcouru l’école maternelle, les autres sont devenus louveteaux ou scouts, ont communié, fait leur profession de foi… Trois années de vie en croissance. A l’image de notre famille, le festival a, lui aussi, connu une certaine croissance. Non pas une croissance numéraire, car sa vocation reste d’accueillir une trentaine de jeunes, mais une croissance intérieure, à l’image de notre vie au Carmel. Cette réalité cachée est, par nature, difficile à décrire. Je vais m’efforcer de présenter trois signes de cette maturation, pour partager avec chacun de vous la grâce qu’est ce festival pour notre ordre séculier et, je l’espère, susciter le désir de se mettre à son service.
Le premier signe de maturité est certaine forme d’équilibre. Les trois branches de notre ordre ont trouvé une place juste auprès des jeunes, afin que nos expériences de vie à la suite du Christ, dans des états de vie différents, puissent se compléter. Pour cela, chacune des trois journées centrales du festival ont été confiées cette année à une branche. Successivement : frères, sœurs puis séculiers avons assuré l’enseignement, partagé le repas du midi et introduit le temps d’oraison. Ce rythme ternaire nous a permis, je crois, de trouver une certaine harmonie : la journée passée au plus près des jeunes a permis de tisser des liens, de présenter à travers nos témoignages les spécificités de chacun de nos modes de vie. Cette harmonie nous a aussi permis de passer du temps entre membres de l’ordre, en l’absence des jeunes, en frères et sœurs d’un même Père.
Le second signe qui m’a marqué est la place accordée au silence. En effet, les premières années, nous avions tant de choses à offrir aux jeunes que les journées du festival étaient très chargées. Plusieurs aménagements ont permis au silence de se déployer dans ces journées : tout d’abord la présence de quatre séculiers en cuisine a libéré complètement les jeunes de la préparation des repas (et nous a tous régalés !). Ensuite, l’introduction d’un temps de désert a offert à chacun un temps de solitude. Enfin les repas du soir pris en silence, après un bref enseignement sur le sens de cette pratique, ont permis d’intérioriser chacune des journées. Conscients de ce que les jeunes ne sont pas nécessairement habitués au silence, ni à la solitude, le festival a veiller à diversifier ces temps. Certains étaient portés par le groupe pendant l’oraison ou le repas du soir. D’autres étaient plus libres comme le désert : une façon d’accompagner déjà le retour au quotidien, quand le groupe ne sera plus un rempart face aux bruits du monde.
Le troisième signe est double : la joie et la fête, à l’image de la règle du Carmel qui nous exhorte à nous « réjouir ensemble à travers le service du Christ et des autres ». L’an dernier, un jeune nous avait fait remarqué qu’il s’attendait à un festival plus « festival ». Nous nous sommes donc efforcés de donner une vraie dimension festive à nos journées, tout demeurant dans l’esprit du Carmel. Un vrai défi de vérité. Nous avons donc conservé la soirée festive, où les jeux et questions avaient permis de faire connaissance et donné le ton les années précédentes. Le lendemain, nous avons eu la joie d’assister à un spectacle dans la chapelle du Carmel : « Je danserai pour toi ». Cette pièce raconte l’itinéraire de conversion d’une jeune femme, il est joué et écrit par elle-même. Le ton était adapté aux jeunes et le souci de vérité les a touchés. Enfin, au milieu du festival, nous avons proposé une flashmob. Il s’agit d’une chorégraphie simple réalisée sur une musique de pop louange. Grâce à l’enthousiasme du Recteur du sanctuaire de Lisieux, notre joyeuse troupe s’est produite sur les marches de la basilique. Un temps très joyeux, tant pendant l’apprentissage des pas que pendant la réalisation. Un temps aussi de témoignage devant visiteurs de ce jours, très vite conquis.
Depuis ce mois d’août, les vacances d’été ont laissé la place à la rentrée : les jeunes ont repris leur rythme, nous l’espérons avec un cœur renouvelé ; nos enfants se sont lancés dans une nouvelle année scolaire qui leur permettra de grandir en sagesse, en taille et nous l’espérons en grâce. Quant au festival, il continuera lui aussi de mûrir et de porter du fruit. Notre famille peut témoigner combien elle a été comblée par ces fruits : de belles amitiés qui se sont nouées, avec la communauté des sœurs du Havre, avec des frères et sœurs de l’ordre séculier, avec les frères qui ont organisés successivement le festival. La petite Thérèse et ses parents nous ont fait grandir dans l’abandon et dans la joie du don. Il est peut-être temps pour nous de rendre d’autres services, nous laissons pour cela l’Esprit Saint nous guider.
Marion Bertagnilio
(Communauté Metz -Nancy)